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Montgaudier (commune de Montbron)

Montgaudier (commune de Montbron)

L’imposante cavité de Montgaudier peut être considérée comme le premier site paléolithique découvert et fouillé en Charente, vers 1850.
Il a fait ensuite l’objet de nombreuses fouilles jusqu’en 1988,

Depuis quelques années, les explorations spéléologiques, menées par Bruno Delage, prennent le relais sur d’autres points du piton rocheux.
Ces recherches ont révélé le caractère exceptionnel de ce gisement dans la mesure où la présence des hommes y est attestée entre le Paléolithique inférieur et le Magdalénien (soit environ de – 250 000 ans à – 10 000 ans).
Le Moustérien et le Magdalénien sont les deux périodes les mieux représentées.

Nombre de restes osseux et de mobiliers ont été découverts là. Le « bâton de commandement » (bois de renne percé et gravé) est l’objet le plus connu des recherches préhistoriques.

Montgaudier, le bâton de commandement

Montgaudier, le bâton de commandement

Cet objet, appelé au XIXème siècle « bâton de commandement, est un bois de renne (long de 37,2 cm) percé d’un large trou à une extrémité et gravé sur tout son pourtour.
Cette pièce fut découverte en décembre 1885 par Eugène Paignon, propriétaire de la
grotte de Montgaudier.
Le paléontologue parisien, Albert Gaudry, en fit la première étude qu’il présenta à l’Académie des sciences de Paris, le 19 juillet 1886.
L’objet eut immédiatement une grande notoriété et figure de ce fait dans de nombreux livres sur la préhistoire.
Ce bâton percé appartient à une série d’objets rares sur les sites du Paléolithique supérieur (Aurignacien-Magdalénien) même si on en recense aujourd’hui plus de 300 exemplaires.
La ou les fonctions sont sujettes à discussion. Certains usages comme redresser des sagaies constituent les hypothèses les plus sérieuses. 

Art magdalénien : Montgaudier, Le Placard

Art magdalénien : Montgaudier, Le Placard

Art gravettien

Art gravettien

Jusqu’en 2005, l’art sur les parois de grottes se limitait, dans la vallée de la Tardoire, à Montgaudier (probablement du Magdalénien, vers -12 000 ans) et au Placard (Solutréen, -20 000 ans). Il s’agissait exclusivement de gravures.

De 2003 à 2005, un réseau souterrain, dénommé « Aven du Charnier » à Moulins-sur- Tardoire, est systématiquement exploré par des spéléologues charentais. La grotte est constituée d’une série de paliers et de puits successifs (« aven », « puits du vent », « puits de l’éboulis instable ») permettant l’accès aux salles principales.
La plus éloignée et profonde de ces salles est aussi la plus intéressante.

À côté de superbes concrétions, ont été découverts, en décembre 2005, des squelettes humains et de nombreux restes de carnivores en connexion anatomique
(hyènes, léopards).
Des peintures pariétales ont été également identifiées. Il s’agit d’une main droite en négatif réalisée avec un pigment noir, de gros points rouges, d’une série de ponctuations noires alignées, et de traits de peinture noire qui forment un Z à l’envers et qui ont été interprétés comme un visage humain. L’ensemble a été daté du Gravettien, vers – 27 000 ans.

La « culture » magdalénienne, plus que les autres, est marquée par le foisonnement des représentations artistiques, des plus impressionnantes (sur les parois de grottes), aux plus modestes (sur les objets du quotidien).

Symbolisme au Paléolithique moyen : Les Pradelles, La Chaise, Montgaudier

Symbolisme au Paléolithique moyen : Les Pradelles, La Chaise, Montgaudier

La mise en évidence, sur des os d’animaux, de stries réalisées par des outils en silex tranchants, correspond, la plupart du temps, à des traces de découpe pour en extraire les matières tendres (notamment la viande). Ces marques n’ont donc pas d’agencement particulier entre elles.

Il se trouve, toutefois, quelques rares exemples d’os qui portent des séries d’incisions parallèles et équidistantes, réalisées également au moyen d’un outil en silex tranchant.
Ces traces ne sont généralement pas perçues comme des marques de boucherie.
Mais elles sont tout de même le résultat d’actions intentionnelles qui intriguent et interrogent les archéologues.
Dans la vallée de la Tardoire, trois gisements ont livré de manière exceptionnelle de tels objets : La Chaise, Montgaudier et Les Pradelles.
Ces os encochés pourraient être des systèmes de notation ou de mémoire artificielle extra-corporelle pour enregistrer des informations numériques.

Si une telle interprétation est aujourd’hui relativement bien acceptée pour Homo sapiens, elle est en revanche nettement plus controversée concernant Néandertal. Or, la plupart des objets issus de ces grottes ont été mis au jour dans les niveaux du Paléolithique moyen (Moustérien) correspondant à la présence de ces derniers. Le débat reste donc ouvert.

Les Grottes du Quéroy

Les Grottes du Quéroy

Découvertes en 1892, les grottes sont situées en lisière de la forêt de Bois Blanc.
Préservées dans leur état naturel, elles offrent au regard de magnifiques concrétions calcaires : stalactites, stalagmites et draperies. Elles ont également livré un riche matériel archéologique.

Le Bois du Roc (commune de Moulins-sur-Tardoire, Vilhonneur)

Le Bois du Roc (commune de Moulins-sur-Tardoire, Vilhonneur)

Connue depuis le milieu du XIXe siècle, la colline boisée située face au Moulin de la Pierre, sur la rive gauche de la Tardoire, a livré plusieurs sites archéologiques : l’Abri André-Ragout, l’Abri du Chasseur, les grottes des Fadets, l’abri du Bronze, la Cave
chaude. Ces sites ont été fréquentés à différentes époques, de -200 000 ans à l’âge du Bronze.

Les Perrats (commune d’Agris)

Les Perrats (commune d’Agris)

Découverte le 1er mai 1981 par des spéléologues, la grotte des Perrats (commune d’Agris), fouillée par l’archéologue José Gomez de Soto, révèle un luxueux casque celtique du IVéme siècle avant Jésus-Christ, exposé au Musée d’Angoulême, ainsi que des fragments de céramique du Bronze ancien, période alors quasi inconnue en Centre-Ouest. La stratigraphie de cette grotte, l’une des plus importantes stratigraphies
post-paléolithiques de la France de l’Ouest, reflète plus de 8000 ans d’occupation. Le niveau le plus ancien (connu) date du Mésolithique et le plus récent du Moyen-Âge classique.

Le site a également livré un ensemble d’ossements remarquables (cinq adultes, trois enfants), datés du Mésolithique ; ils attestent de pratiques de cannibalisme : les os, brisés délibérément, comportent de nombreuses marques de décarnisation.

Le Placard (commune de Moulins-sur-Tardoire)

Le Placard (commune de Moulins-sur-Tardoire)

Fouillée à partir du milieu du XIX° siècle par des préhistoriens de renom, la grotte du Placard est un site incontournable de la science préhistorique.

Elle a été occupée entre 23000 ans (période solutréenne) et 17000 ans (période magdalénienne).


De fines gravures, difficilement perceptibles à l’œil nu, ornent une paroi. On y reconnait des chevaux, des cervidés, des bouquetins et des aurochs.

Des signes plus abstraits : une ligne droite terminée à ces deux bouts de bâtonnets perpendiculaires dirigés vers le bas et en son milieu d’un autre bâtonnet dirigé vers le haut, forment le « signe du type Placard ». C’est un marqueur de la période solutréenne qu’on trouve aussi dans les grottes de Pech-Merle et Cougnac dans le Quercy, et dans celle de Cosquer à Marseille.

La présence de restes humains transformés atteste par ailleurs de pratiques cannibales et peut-être de la fabrication de trophées

Néandertal, le cannibalisme

Néandertal, le cannibalisme

Les traces de découpe sur restes humains (points d’impact et lignes de fracture, décharnement) constituent la découverte majeure des fouilles des Pradelles.
A l’époque moustérienne, l’enlèvement de la chair des humains après la mort peut être mise en relation soit avec des pratiques funéraires soit avec des actes d’anthropophagie/cannibalisme.
Dans le cas présent, les chercheurs (en premier lieu, Bruno Maureille, spécialiste de l’homme de Néandertal) penchent plutôt pour l’hypothèse d’un cannibalisme alimentaire.

À cela deux raisons principales :

les ossements humains sont épars, très rarement complets ;
ils se trouvent mélangés avec ceux des animaux et tous présentent les mêmes traces de découpe.
Les Pradelles (commune de Marillac-le-Franc)

Les Pradelles (commune de Marillac-le-Franc)

Découvert dans les années 1930, le gisement des Pradelles a fait l’objet de nombreuses investigations.
C’est le dernier site de la vallée de la Tardoire à avoir été fouillé, par une équipe pluridisciplinaire internationale franco-américaine, dirigée par B. Maureille et A. Mann.

A l’occasion de ces recherches, de nombreux restes humains attribués à Néandertal ont été découverts.
Ils correspondent à plusieurs individus (adultes et enfants). Les squelettes sont toutefois loin d’être complets puisque l’essentiel des fragments correspond aux os du crâne et aux dents.

Dans les niveaux supérieurs, les restes humains au même titre que les os d’animaux présentent des traces (rognements, ingestion) dues à des carnivores.
Sans doute faut-il y voir une simple activité de charognage par des hyènes des cavernes qui ont élu domicile dans la grotte en l’absence des humains.
En revanche, les niveaux profonds (entre -70 000 et -50 000 ans) témoignent de la fréquentation régulière de l’homme de Néandertal.
Ils y faisaient des séjours saisonniers (souvent à l’automne) pour chasser.
Ils utilisaient ce lieu en tant que simple abri car aucun foyer ou zone de combustion n’a été retrouvé (présence de très rares vestiges brûlés).
Des os d’animaux (renne, cheval, bison) ont été recueillis lors de la fouille, ainsi que de nombreux restes humains présentant des traces de découpe.